3.3 Main d’œuvre 

Malgré la forte croissance économique enregistrée par Djibouti au cours des dix dernières années, le pays affiche un des taux de chômage les plus élevés au monde, atteignant près de 50 % en 2022. En outre, ce chiffre atteint 70 % chez les moins de 30 ans.

Plusieurs facteurs expliquent cette situation. D’abord, Djibouti est sous l’effet d’une importante pression démographique dont la vitesse reste supérieure à celle de la croissance économique.

D’autre part, l’économie est minée par de nombreux éléments structurels négatifs. D’abord, il y a une main-d’œuvre faiblement qualifiée, la corruption et la mauvaise gouvernance. À titre d’exemple, le gouvernement voit ses entrées fiscales stagner, voire diminuer ; les exonérations sont généralisées et l’expansion du secteur financier a largement échappé au contrôle fiscal.

Ensuite, en tant que voisin possédant un accès à la mer, Djibouti se retrouve dans une situation de dépendance commerciale envers l’Éthiopie. Douze fois plus peuplé que son voisin, ce géant régional a été touché par un grave conflit en 2020-2021, entraînant une baisse des flux commerciaux. Puisque les transports et la logistique représentent 85 % du produit intérieur brut djiboutien, le conflit en Éthiopie a pesé lourdement sur l’économie djiboutienne.

Enfin, la majorité de la population dépend toujours largement de l’économie informelle. Cette situation de travail non-enregistré généralisé gonfle donc les chiffres officiels du chômage.

https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMAnalyse/3415

Législation de travail : A Djibouti, la durée légale du travail des salariés, quels que soient leur sexe et leur mode de rémunération, est fixé à quarante-huit heures par semaine. Cette durée peut être dépassée par application des règles relatives aux équivalences, aux heures supplémentaires, à la récupération des heures de travail perdues et à la modulation éventuellement prévue par les Conventions Collectives.

https://www.journalofficiel.dj/texte-juridique/decret-n2019-183-pr-mtra-fixant-les-modalites-de-repartition-de-la-duree-du-travail-et-lamplitude-maximale-journaliere/

Depuis le 02/01/2017, Les horaires du travail dans l’Administration et les Etablissements Publics, sont fixés comme suit :

Du dimanche au jeudi inclue

– de 8 heures à 17 heures avec une pause déjeuner de 13 heures à 14 heures.

https://www.journalofficiel.dj/texte-juridique/decret-n2016-352-pr-mtra-fixant-les-nouveaux-horaires-de-travail/

Disponibilité de la main d’œuvre : Dans le pays, le secteur des services reste le véritable réservoir d’emplois, mobilisant à lui seul 62,29 % de la main d’œuvre totale en 2019. Moteur du secteur des services du pays, l’activité portuaire est en pleine évolution depuis plusieurs années.

 

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https://www.afdb.org/sites/default/files/documents/publications/djibouti_-_etude_sur_un_nouveau_modele_de_croissance_-_afdb_juin_2023_004-compresse.pdf

 

On vit également à Djibouti une situation assez critique qui se traduit par une concentration des emplois dans le secteur public (administrations et entreprises publiques) et le secteur privé informel, principalement dans les secteurs de la construction, du commerce de gros et de détail, des transports et des services ménagers. D’un autre côté, les secteurs qui portent la croissance ont un taux d’employabilité faible. Il en est ainsi du secteur des transports qui n’emploie que 7,6 % des travailleurs du secteur privé formel et 5,3 % des travailleurs du secteur privé informel. La concentration des emplois dans le secteur public est liée à l’existence à Djibouti d’une prime salariale pour les travailleurs du secteur public, qui semble être indépendante du capital humain ou des attributs personnels, et est plutôt liée au genre (embauche d’hommes au dépend des femmes) et aux liens parentaux. 

Cette prime conduit à un niveau relativement élevé des salaires dans le secteur public, ce qui induit une pression à la hausse des salaires dans le secteur privé. Ainsi, selon les données 2012 de la banque mondiale sur le secteur des transports et de la logistique (secteur dominant de l’économie du pays), le salaire mensuel se situe entre 300 USD et 500 USD contre 70 USD en Éthiopie, soit donc un renchérissement des coûts de production qui pénalise fortement l’emploi privé formel

 

Aperçu des coûts de main-d'œuvre

 

Coût
(Monnaie locale & USD - $)

Coût à compter de septembre 2023

Salaire mensuel le plus bas*

 

69,600 DJF / USD 19,48

 

15/09/2023

Salaire mensuel moyen*

 

276,000 DJF/ USD 35,53

 

15/09/2023

Salaire mensuel le plus élevé*

 

1,230,000 DJF / USD 256,32

 

15/09/2023

 

* Pas du point de vue de la loi, mais de la pratique courante

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https://www.salaryexplorer.com/average-salary-wage-comparison-djibouti-c59?expand_article=1