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Contexte humanitaire
Depuis 2012, le conflit au Mali affecte des millions de civils. Les violences ont augmenté depuis 2018, entraînant de graves violations du droit international humanitaire. Deux coups d’État (en août 2020 et mai 2021) et des tensions avec la communauté internationale n’ont fait qu’ajouter à l’instabilité générale.
Environ 1,5 million de personnes ont fui leur foyer depuis 2012, certains plusieurs fois. En décembre 2022, plus de 470 000 personnes sont déplacées, dont des réfugiés venus des pays voisins (Mauritanie, Niger et Burkina Faso), avec peu de chances d’y retourner.
Depuis le début du conflit, plus de 723 000 personnes ont retrouvé leur foyer et 85 000 sont revenues de l’étranger. Elles sont toutes en situation de vulnérabilité extrême. Par ailleurs, près de 198 000 Maliens continuent de vivre dans les pays voisins.
Plus de 3,9 millions de personnes ont besoin d’une protection en 2023, en raison de graves violations des droits de l’homme, et notamment de violences sexuelles.
Le conflit, auquel vient s’ajouter l’irrégularité des pluies, est la principale cause d’insécurité alimentaire. En 2023, 1,2 million de personnes auront besoin d’une aide alimentaire d’urgence pendant la période de soudure entre les récoltes. Quelque 367 000 enfants de moins de 5 ans souffrant de malnutrition aiguë sévère ont besoin d’une aide d’urgence, un chiffre en augmentation de 16 % par rapport à 2022.
La violence affecte en particulier le système éducatif : en octobre 2022, 1726 écoles ont été fermées, laissant près de 520 000 enfants et 10 000 enseignants sans école. L’insécurité touche également les travailleurs humanitaires, 6 d’entre eux ayant été tués et plus de 140 attaques signalées en 2022.
Dans le nord (régions de Gao, Kidal et Tombouctou) et dans le centre (régions de Segou, koulikoro et Mopti), un centre médical sur cinq ne fonctionne pas et les autres ne sont que partiellement opérationnels en raison de l’insécurité et du manque de personnel.
Faits & chiffres
- 8e taux de mortalité infantile le plus élevé au monde. (Banque mondiale)
- 8,8 millions de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire.
- Plus de 1,24 million de personnes nécessitant une aide alimentaire d’urgence entre juin et août 2023 (Cadre harmonisé).
- Près de 367 000 enfants de moins de 5 ans souffrant de malnutrition aiguë sévère.
- Plus de 412 000 Maliens nouvellement déplacés à l’intérieur du pays en 2022 (OIM/HCR, décembre 2022).
- Près de 198 000 Maliens réfugiés au Burkina Faso, en Mauritanie et au Niger (UNHCR).
- Plus de 61 000 réfugiés au Mali majoritairement des Nigériens, des Burkinabè, et des Mauritaniens
Catastrophes, Conflicts et Migration
Catastrophes naturelles |
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Type |
Se produit |
Commentaires / Détails |
Sècheresse |
Oui |
La Sècheresse frappe régulièrement la zone sahélienne du Nord Mali. En 2022, 1.735.753 Personnes ont été affectées. Avant cela, le dernier pic de sècheresse ayant plongé plus de 6.800.000 personnes habitant les villes de Ménaka, Gao, Mopti, Kidal, Koulikoro et Segou dans une famine aiguë avait eu lieu en 2020. |
Tremblements de terre |
Non |
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Epidémies |
Oui |
Méningite, cholera, fièvre jaune, Covid 19 |
Températures extrêmes |
Oui |
Les températures élevées sont fréquentes au Mali et peuvent facilement atteindre 50°C |
Inondations |
Oui |
Les inondations sont régulières le long du fleuve Niger et peuvent se produire dans tout le pays, même dans la région de Kidal. (6474 personnes affectées en 2019 dans les localités telles que Kidal, Koulikoro, Timbuktu, Ménaka, et Mopti) |
Infestation d’Insectes |
Oui |
Criquets (dernière invasion majeure en 2004 au Nord-Mali) et Sauterelles |
Glissements de terrain |
Non |
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Éruptions volcaniques |
Non |
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Hautes vagues |
Non |
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Feux de brousse |
Non |
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Vents violents |
Oui |
Possibles tempêtes de sable |
Autres commentaires |
Le Mali est extrêmement vulnérable au changement climatique et le pays est déjà confronté à de grandes difficultés liées au climat dues à une hausse des températures et à des événements météorologiques extrêmes plus fréquents. Les répercussions du changement climatique ont également contribué à une augmentation de l’insécurité alimentaire et il est attendu que près d’un quart de la population sera confrontée à l’insécurité alimentaire ou présentera un risque de l’être avant fin 2023 |
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Problèmes d’origine humaine |
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Guerre civile |
Non |
L’intensification des tensions au Mali fait courir le risque d’un retour à la guerre civile |
Conflit international |
Non |
Tension politique persistante avec l’occident, mais pas de conflit armé |
Personnes déplacés internes |
Oui |
Selon la matrice de suivi des déplacements (DTM, sept 2023). On dénombre au Mali 391 961 PDI (Personnes Déplacés Internes) |
Réfugiés présents |
Oui |
Près de 198 000 Maliens réfugiés au Burkina Faso, en Mauritanie et au Niger (UNHCR). Plus de 61 000 réfugiés au Mali majoritairement des Nigériens, des Burkinabè, et des Mauritaniens.
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Mines terrestres / Munition non explosées UXO |
Oui |
Les EEI (Engins Explosifs improvisés) constituent une entrave majeure à l‘accès humanitaire dans la région de Segou et plus particulièrement dans la commune de Farabougou, cercle de Niono. https://reliefweb.int/report/mali/mali-tableau-de-bord-acces-humanitaire-avril-2023 |
Autres commentaires |
Même si le renforcement de la coopération militaire avec la Russie et la collaboration bilatérale avec certains voisins immédiats semblent être au cœur de la stratégie malienne, des risques de conflits persistent. Le retrait de la MINUSMA comporte des risques politiques, sécuritaires et humanitaires pour le Mali et la région. La détérioration continue du contexte sécuritaire, avec 178 incidents touchant les civils et les humanitaires au premier trimestre 2023, le faible niveau de financement du Plan de Réponse Humanitaire et les contraintes d’accès, impactent de façon significative la réponse humanitaire |
Pour une base de données plus détaillée sur les catastrophes par pays, veuillez consulter le
Centre for Research on Epidemiology of Disasters Country Profile.
Effets saisonniers sur les capacités logistiques
Effet saisonnier sur le transport |
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Type de transport |
Période |
Commentaires / Détails |
Transport routier primaire |
Mars-Mai |
Si les corridors maliens sont normalement utilisables tout au long de l’année, il faut noter que l’axe Mopti-Tombouctou est régulièrement affecté par des inondations durant la saison de pluie ce qui rend le transport routier difficile voire impossible et pour effectuer la liaison sur ce Tronçon les transporteurs ont donc souvent recours au transport fluvial durant la saison des pluies. D’autre part il faut aussi noter que les corridors internationaux peuvent être affectés par la saison des pluies dans les pays voisins.
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Transport routier secondaire |
Mars-Sept
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Les routes secondaires sont durement touchées dans tout le pays pendant la saison des pluies. Les retards et les coûts supplémentaires se produisent et durant cette période, les transporteurs alternent entre transport routier et fluvial en fonction de l’état des routes durant la saison des pluies. Le transport routier international à destination du Mali peut être affecté par le manque de camions à louer pendant la saison de la récolte du café ou de cacao en Côte-d'Ivoire et le Ghana
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Transport ferroviaire |
Avr-Juin |
Les températures élevées pendant les mois de Mai et Juin peuvent déformer les voies de chemin de fer de Dakar à Bamako et occasionner des retards. |
Transport aérien |
Avr-Juin |
Les tempêtes de sable réduisent la visibilité et peuvent perturber le transport aérien dans le nord du pays |
Transport fluvial |
Jan-Août |
Le Fleuve Niger n’est navigable de Koulikoro à Gao (1300 km) qu’entre mi-août à la mi-décembre |
Effets saisonniers sur le stockage et la manutention
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Type d’activités |
Période |
Commentaires / Détails |
Stockage |
Avr -Juin
Juin-Oct |
Les Températures très élevées peuvent influer sur les conditions de stockage.
De plus, en raison de fortes pluies et autres intempéries il est nécessaire de protéger les entrepôts pour stocker des produits sensibles.
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Manutention |
Toute l’année |
La quasi totalité des ports le long du fleuve Niger (Koulikoro, Segou, Mopti, Tombouctou et Gao) ne dispose pas d’équipements de manutention. Toutes les opérations de manutention sont faites manuellement et peuvent être fortement perturbées, voire arrêtées par temps de pluies ou alors très laborieuses pendant la saison sèche. |
Autres |
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Capacité et contacts pour les interventions d’urgence dans le pays
Face aux conséquences humanitaires des différentes catastrophes, le Gouvernement du Mali a mis en place le cadre réglementaire pour une coordination efficace des actions de secours en cas de catastrophes :
- Le plan ORSEC (Organisation des Secours - Décret n°0889/P-RM du 31 Décembre 2015). Il s'agit d'un document réglementaire, permettant de coordonner les secours sous une autorité unique
- Le plan de contingence multirisques qui identifie les risques auxquels les populations maliennes sont exposées. Ce plan est activé lorsque les capacités de l’État sont limitées face à une catastrophe pour répondre aux besoins de la population affectée. L’aide internationale devient indispensable
- Le Comité Interministériel de gestion des crises (Décret n°2017-0798/PM-RM du 19 septembre 2017) compétent pour la coordination interministérielle des crises et catastrophes au Mali sous l'autorité du Premier Ministre.
- Les plans d’urgence vétérinaires et surtout
- L'accord entre l'Organisation des Nations Unies et le gouvernement de la République du MALI ratifié le 23 juillet 2009 et portant sur les mesures destinées à accélérer l'importation, l’exportation et le transit des envois de secours et des articles en la possession du personnel de secours lors de catastrophe et de situations d'urgence.
Parmi les structures de l’état intervenant dans les réponses aux situations d’urgences, on peut citer :
La DGPC (Direction Générale de la Protection Civile) - Créée en 1998, la DGPC est l’organe coordinateur des actions de prévention et de gestion des risques et des catastrophes (GRC). Rattachée au ministère de la Sécurité Intérieure et de la Protection Civile, la DGPC a pour mission principale d’élaborer les éléments de la politique nationale en matière de protection civile et de veiller à la mise en œuvre de cette politique.
Des institutions sectorielles gèrent les risques suivant leur nature. Parmi les points focaux pour la gestion des risques spécifiques figurent le Centre National de Lutte contre le Criquet Pèlerin (CNLCP), l’Institut du Sahel, l’Agence pour l’Environnement et le Développement Durable (pour la désertification) et la DGPC qui est le point focal pour l’inondation. Des structures spécialisées traitent des questions de la sécurité alimentaire en particulier le Commissariat à la Sécurité Alimentaire (CSA).
Pour plus d'informations sur les coordonnées du gouvernement, veuillez consulter les informations suivantes : 4.1 Liste des contacts du gouvernement.
A noter : Depuis l’adoption de la loi du 27 Octobre 2022 portant militarisation de la Police nationale et de la protection civile, la protection civile est militarisée au Mali. Les fonctionnaires de la Protection civile tout comme ceux de la Police nationale sont régis par le statut général des Militaires.
Communauté Humanitaire
Depuis la sècheresse et les événements de 2012 beaucoup d’organisations humanitaires sont présentes au Mali. Elles travaillent sur les différentes problématiques (sécurité alimentaire, eau et assainissement, protection, santé, éducation, nutrition, abris) en coordination avec UNOCHA et en lien avec le ministère délégué auprès du ministre de la Santé et du Développement social, Chargé de l'action humanitaire, de la Solidarité, des Réfugiés et des Déplacés.
https://www.humanitarianresponse.info/fr/operations/mali/fr/operational-presence
Pour plus d'informations sur les coordonnées des agences humanitaires, veuillez consulter le lien suivant: 4.6 Humanitarian Agency Contact List here.